Trio Arnold

Rarement donné au concert, le Trio op. 31 du Russe Serge Taneiev se présente dans toute la clarté d’une œuvre héritière des cadres et de l’éloquence des trios de Beethoven, un siècle auparavant.

« Rosso di Sera » est ainsi commentée par son créateur, Adrien Vioque-Lorenzo : « Son titre, un dicton italien « Rosso di Sera… bel tempo si spera » [Rouge du soir, espoir de beau temps] révèle par-delà son optimisme une inquiétude sur l’avenir. Ce trio est bâti à partir d’une courte formule musicale choisie pour sa plasticité et sa capacité à circuler d’un instrument à l’autre.[…] Le trio à cordes a toujours eu une identité incertaine. J’ai souhaité l’épurer de la hiérarchie des parties imposée par le quatuor à cordes classique, au profit de trois individualités, à l’exemple extraordinaire du trio à cordes de Schönberg. Pour cela, j’ai le grand bonheur d’avoir pu m’inspirer du jeu du Trio Arnold, virtuose, intense mais toujours inquiet d’une homogénéité globale. »

Beaucoup moins connu que ses deux compatriotes et contemporains, Bartók et Kodály, Ernö Dohnanyi a pourtant été de son vivant l’une des personnalités musicales les plus marquantes de son pays. Sa production de musique de chambre de jeunesse, à laquelle appartient la Sérénade au programme de ce concert, se réfère explicitement aux grands maîtres du passé : ici peut-être d’abord Haydn, Beethoven et Brahms. Brio et vitalité, profondeur de ton, germanisme et hungarisme font de la Sérénade op. 10 un sommet du répertoire de trio.