Ensemble Cosmos
Journée de la Terre aux Etoiles #1
TOMÁS LUIS DE VICTORIA 1548–1611
O magnum mysterium
ROLAND DE LASSUS 1530/32–1594
La Nuit froide et sombre
CLÉMENT JANEQUIN C1485-1558
Toutes les nuits
GUILLAUME COSTELEY c1530-1606
Mignonne, allons voir si la rose
CLÉMENT JANEQUIN c1485-1558
Le Chant des oiseaux
CAMILLE SAINT-SAËNS 1835–1921
Calme des nuits op. 68 n°1
Les Fleurs et les arbres op. 68 n°2
CLAUDE DEBUSSY 1862–1918
Yver vous n’êtes qu’un vilain
FELIX MENDELSSOHN 1809–1847
Herbstlied op. 63 n°5
CLARA SCHUMANN 1819–1896
Abendfeier in Venedig
JOHN FARMER c1570-c1601
Fair Phyllis I saw sitting all alone
JOHN DOWLAND 1563–1626
Go crystal tears
JOHN BENNET c1575–1599/1614 ?
Thyrsis, sleepest thou
Weep, o mine eyes
HOWARD HELVEY Né en 1968
O lux beatissima
JOHN TAVENER 1944–2013
The Lamb
WILLIAM SCHWENCK GILBERT 1836–1911 / ARTHUR SULLIVAN 1842–1900
The long day closes
Ensemble Cosmos
Morgane Collomb soprano
Cyrille Lerouge contre-ténor
Richard Golian ténor
Maxime Saïu baryton-basse
Cosmos vous invite à travers son programme à un voyage de la Renaissance jusqu’à nos jours, abordant diverses écritures musicales, navigant entre sacré et profane, passant d’une langue à l’autre. Tout en nous penchant sur des questions cruciales dans l’existence d’un être humain telles que le mystère de la naissance et celui de la mort, nous évoquons d’autres sujets plus légers et concrets comme la nature, l’amour, les saisons qui jalonnent et marquent notre existence. Les différentes œuvres abordées, pleines de contrastes et chacune porteuse d’un message particulier plongent le public dans une atmosphère contemplative, hors du temps.
Ensemble Cosmos
Paysages
Des grands maîtres de la Renaissance européenne aux polyphonistes les plus raffinés du 20e siècle, de l’Espagne du « Siècle d’Or » (Victoria) à l’Allemagne romantique de Mendelssohn et de Clara Schumann, des représentants les plus prestigieux de la « chanson polyphonique française » (Janequin, Costeley) à l’écriture moderne d’un Debussy inspiré par la poésie de Charles d’Orléans, en passant par la paix et la ferveur d’un chœur de Saint-Saëns, de l’Angleterre passionnelle et mélancolique d’un Dowland au 16e siècle à l’Angleterre moderne d’un John Tavener, en passant par le célèbre Arthur Sullivan, plus connu pour ses opérettes conçues avec son comparse Gilbert que pour ses pièces chorales : voilà de quoi parcourir de la façon la plus riche les territoires du chant polyphonique a capella sur près d’un demi-millénaire de création occidentale.
Des pièces contemplatives d’inspiration sacrée (O Magnum Mysterium de Victoria, texte grégorien issu des mâtines de Noël, que de nombreux compositeurs ont mis en musique, du Moyen-Âge jusqu’aujourd’hui) côtoient des pièces nourries d’une ferveur non moins puissante, même si profane — La Nuit froide et sombre de Roland de Lassus, composée sur une ode de Joachim du Bellay et qui semble travailler en musique la figuration du sommeil.
La nature comme miroir des passions humaines est un thème qui fonde maintes pièces polyphoniques de la Renaissance, à commencer par le fameux « Mignonne, allons voir si la rose » de Ronsard mis en musique par Guillaume Costeley, ou encore la chanson savante « Toutes les nuits » de Clément Janequin, le plus grand représentant de la chanson française de la Renaissance, qui s’illustre également dans ce concert avec l’une de ses pièces les plus fameuses, « Le Chant des oiseaux ». Merveilleuse stylisation de tous les cris et chants d’oiseaux imaginables, dans une fresque savante et directe tout à la fois, humoristique et spirituelle pour célébrer la variété « linguistique » du monde des oiseaux… Un chef‑d’œuvre jubilatoire !
Camille Saint-Saëns, dont on célèbre cette année le centenaire de la mort, est moins connu pour ses pièces polyphoniques que pour ses œuvres orchestrales ou pianistiques. Il fut pourtant, comme de nombreux compositeurs français de son époque, un maître de l’écriture « à l’ancienne », ancrée dans le souvenir des grands polyphonistes de la Renaissance.
Avec Debussy s’ouvre un tout autre univers : c’est la poésie de Charles d’Orléans, « Yver vous n’estes qu’un vilain » qui inspire au compositeur (in Trois Chansons de Charles d’Orléans – 1909) une pièce hautement élaborée, stylisant les outils de la musique ancienne pour en tirer une œuvre aux harmonies audacieuses et parfois dissonantes.
Herbstlied de Mendelssohn, sur un poème de Friedrich Klingemann, relève de ces pièces, fréquentes dans la production du compositeur, faisant de la mélancolie de l’automne le support de la plus grande exaltation passionnelle… Quant à la pièce « Abendfeier in Venedig » de Clara Schumann, peu connue pour ses pièces polyphoniques, elle fait partie d’un recueil de trois chœurs composés en 1848 sur des poèmes d’Emanuel Geibel, à l’occasion de l’anniversaire de Robert Schumann, son mari.
C’est ensuite l’Angleterre, champ fertile pour la composition de chansons et pièces polyphoniques de haute qualité tout au long de la Renaissance, en particulier sous le règne d’Elisabeth 1ère qui s’illustre avec « trois John » : John Farmer, John Dowland et John Bennet. Chants d’amour et de deuil ancrés dans la connaissance profonde de la poésie anglaise et qui donnent une très bonne idée de l’efflorescence musicale de cette époque dans ce pays.
Le chef de chœur, organiste et compositeur américain Howard Helvey s’illustre à son tour avec une pièce d’une intense ferveur : O Lux beatissima (Ô lumière bienheureuse), clairement inspirée des codes de la musique de la Renaissance.
L’Anglais John Tavener, compose The Lamb (L’Agneau), l’une de ses pièces les plus célèbres, en 1982 : il s’agit d’un court carol (noël) sur un poème fameux de William Blake, écrit à l’intention du Chœur du King’s College de Cambridge. « With extreme tenderness » (« avec une extrême tendresse ») indique le compositeur à l’intention des interprètes…
Ce beau programme se referme sur une pièce paisible célébrant la fin du jour, de la plume d’Arthur Sullivan, sur un texte de Henry Fothergill Chorley, qui fut également l’un des librettistes de Sullivan, avant que la collaboration du compositeur avec Gilbert ne prenne toute la place et n’assure aux deux artistes la notoriété internationale.
H.P.
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