David Bismuth piano
Journée Saint-Saëns #100
FRANÇOIS COUPERIN 1668–1733
Les Barricades mystérieuses
JEAN-PHILIPPE RAMEAU 1683–1764
Le Rappel des oiseaux
Les Sauvages
Tendres plaintes
L’Égyptienne
Gavotte et Six variations
ALEXANDRE BOËLY 1785–1858
Suite dans le style des anciens maîtres n°2 op. 16 en ré mineur
Étude n°8 en ut dièse mineur op. 13
Étude romantique n°15 op. 13
CAMILLE SAINT-SAËNS 1835–1931
Valse nonchalante en ré bémol Majeur op. 110
Étude op. 52 n°2 « Pour l’indépendance des doigts »
Étude op. 111 n°1 « Tierces majeurs et tierces mineures
Étude pour la main gauche op. 135 n°4 «Bourrée»
Allegro appassionato op. 70
David Bismuth piano
Entre baroques et romantiques
« Profondément influencé par la musique baroque française, Camille Saint-Saëns, qui fut l’un des grands virtuoses de son temps, ne manquait jamais de programmer des pièces de Rameau lors de ses récitals. Saint-Saëns a par ailleurs révisé et publié, en collaboration avec les Éditions Durand, une « édition monumentale » des œuvres pour clavecin de Rameau. Il fut ainsi l’un des premiers musiciens à remettre à l’honneur cette musique « ancienne » pour clavier. Sans doute les leçons prises auprès de Boëly durant ces jeunes années auront-elles révélé à Saint-Saëns les secrets de cette musique… » (David Bismuth)
Avec, en lever de rideau, la pièce pour clavecin la plus fameuse de François Couperin, Les Barricades mystérieuses, le récital de David Bismuth s’ouvre sur le décor musical et poétique du 18e siècle, un monde que Saint-Saëns connaissait et admirait, puisqu’il s’y est référé à de nombreuses reprises dans son œuvre et qu’il a contribué à l’édition intégrale des œuvres de Rameau. Interpréter au piano ces pièces conçues pour le clavecin pose toutes sortes de questions fascinantes : comment donner à entendre les ornements (faits, au clavecin, pour nourrir le son, puisque le clavecin n’a pas de pédale de résonance), comment traduire sur un instrument aussi puissant que le piano moderne la sonorité « réservée » et subtile du clavecin ? À tout cela, David Bismuth donne sa réponse personnelle.
H.P.
Rameau : Le Rappel des oiseaux — Les Sauvages — Tendres plaintes — L’Égyptienne — Gavotte et Six variations
L’œuvre pour clavecin de Rameau comprend pour l’essentiel trois recueils ainsi que des Pièces de clavecin en concert, arrangées pour le clavecin solo. Le Rappel des oiseaux (N° 5 du 2e recueil – 1724) est l’une des plus connues. Avec ses effets ornementaux suggérant le chant trillé des oiseaux, ou peut-être le bruissement de leurs ailes, la pièce est un chef‑d’œuvre du répertoire de clavecin.
Les Sauvages (N° 14 du 3e recueil – 1728) sont aujourd’hui le plus souvent connus en tant que « Chœur des sauvages », puisque Rameau en a réalisé une adaptation pour son opéra-ballet de 1735, Les Indes Galantes.
Les Tendres plaintes, au titre explicite (N° 11 du 2e recueil – 1724) ont elles aussi été reprises par le compositeur pour l’ « Air tendre en rondeau » de la tragédie lyrique Zoroastre (1749).
L’Égyptienne (N° 16 du 3e recueil – 1728), l’une des pièces les plus justement célèbres de Rameau, invite peut-être, dans cette journée Saint-Saëns, à se rappeler également les voyages de ce dernier dans ce pays et son Concerto pour piano N° 5 « L’Égyptien »… D’un orientalisme l’autre…
Pour couronner cette séquence consacrée à Rameau, David Bismuth présente ensuite l’un des sommets de sa musique de clavecin : la Gavotte et ses six « doubles » (variations) extraite de la Suite en la (Nouvelles Pièces de clavecin – 1728). La splendeur du thème et la merveilleuse expressivité de ses variations en font une conclusion efficace à un « petit concert » Rameau…
Alexandre Boëly : Suite dans le style des anciens maîtres n°2 op. 16 en ré mineur
Longtemps méconnu, Alexandre Boëly est, dans le répertoire de la musique française l’un des passionnants « jalons » entre le baroque et le romantisme… Les « anciens maîtres » évoqués ici semblent être aussi bien les grands clavecinistes français (Couperin et Rameau en tête) que la figure de Bach, mais aussi celle de Domenico Scarlatti . Dans la Suite en ré mineur, l’écriture contrapuntique évoque l’Allemagne de Bach, mais la fantaisie mélancolique suggère le souvenir de Scarlatti. Quant à la majesté de certaines séquences, elle fait songer à l’art d’un Haendel…
Alexandre Boëly : Études op. 13 N° 8 et N° 15
L’opus 13 de Boëly est constitué de deux recueils d’études, publiés en 1846. À cette époque, le terme d’étude ne désigne plus uniquement une pièce à visée pédagogique mais une véritable composition poétique, telles qu’on pu en composer Chopin et Liszt.
Camille Saint-Saëns : Valse op. 110, Trois Études, Allegro appassionato op. 70
C’est enfin avec de courtes pièces de Camille Saint-Saëns que se termine ce récital – l’occasion de découvrir le compositeur sous l’angle modeste, loin de l’estrade et des grands concerts qui ont fait sa gloire. De la musique de salon, où se retrouvent des caractères que l’on trouvait aussi chez Chopin : raffinement, ironie, virtuosité passagère et grand lyrisme… Le genre de l’étude y est également bien représenté, avec l’indication des difficultés à travailler, comme dans les grands cycles d’études d’un Chopin.
Quant à l’Allegro appassionato op. 70 , il permet en revanche de renouer, en clôture somptueuse de ce récital, avec le virtuose d’exception qu’était Saint-Saëns, proposant dans cette pièce tous les visages de la vélocité : légèreté tourbillonnante, écriture en accords majestueux, moments pensifs comme des récitatifs d’opéra et moments d’éclat, déferlements à la Liszt, chorals sérieux à la Bach et séquences nocturnes à la Chopin…
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