Smoking Joséphine
Journée Viva Italia
Arcangelo Corelli 1653–1713
Sonate da chiesa en fa Majeur op. 3 n°1
Grave – Allegro – Vivace ‑Allegro
ANTONIO VIVALDI 1678–1741
Les Quatre Saisons
Smoking Joséphine
Sarah Dayan – Manon Galy violons
Violaine Despeyroux alto
Hermine Horiot violoncelle
Giovanni Bellini théorbe
Geneviève Laurenceau violon solo et direction
L’Italie baroque, un modèle européen
Deux grands genres musicaux, venus d’Italie, vont essaimer à travers toute l’Europe à l’époque baroque, via les voyages des grands musiciens italiens et leur installation, parfois, dans d’autres pays : le concerto et la sonate. Le concerto, venu du mot « concertare », qui signifie « dialoguer », met en œuvre un soliste (violon, flute, hautbois, violoncelle, etc.), ou encore un petit groupe instrumental de plusieurs solistes (on parle alors de « concerto grosso »), dialoguant avec l’orchestre. Quant à la sonate, venue du mot italien « sonare » (« sonner »), elle peut comporter de trois à cinq mouvements.
Locatelli, le « Diable du Violon »
Les sonates dites « en trio », comme celle de Locatelli au programme de ce concert, en quatre mouvements, sont en réalité pour deux instruments solistes, accompagnés par la « basse continue » (composée d’un instrument polyphonique – dans ce concert : un théorbe, mais c’est souvent un clavecin — et un instrument monodique, qui assure la « ligne de basse » : ici, le violoncelle).
Immense virtuose, fixé aux Pays-Bas, célèbre en son temps autant que son ainé Antonio Vivaldi, Locatelli a été surnommé, du fait de sa spectaculaire vélocité, « Il Diavolo del Violino » (Le Diable du violon), comme le sera Paganini quelques décennies plus tard. Il est l’auteur, entre autres, d’une série de 12 concertos pour violon et 24 Caprices, intitulée « L’Arte del violino » (L’Art du violon). La Sonate opus 5 N° 1 qui inaugure ce concert présente un andante initial d’esprit méditatif et paisible, assez proche du monde de la musique religieuse. Le largo qui suit est une « sicilienne » — danse assez lente, au rythme balancé. Deux mouvements rapides d’esprit plus théâtral et éclatant complètent cette sonate.
Vivaldi et le théâtre de la nature
Si Les Quatre Saisons sont aujourd’hui l’œuvre la plus célèbre de Vivaldi, c’est qu’à la merveilleuse tonicité de sa musique (presque une marque de fabrique !) répondent toutes sortes d’effets sonores qui font de ce cycle une véritable célébration de la nature, contemplée au long du cycle des saisons.
Vivaldi associe à chacun de ces quatre concertos un sonnet évoquant chacune des saisons, reproduit dans la partition (dont on n’a pas identifié l’auteur — peut-être le compositeur lui-même ?) et déploie au long de chaque concerto tout un paysage — une atmosphère, un climat, une couleur, ou bien un élément sonore beaucoup plus précis (aboiements des chiens pour la chasse évoquée dans le concerto « L’Automne », chants d’oiseaux, etc.). Hors même la séduction purement musicale que peut exercer cette musique sur l’auditeur, on reste fasciné par la façon dont le compositeur a organisé sa partition en y ajoutant, des commentaires précis sur ce que cette musique est censée illustrer (« le chien aboie », « vents violents » ou encore « la complainte du villageois »).
Pour le premier mouvement, Le Printemps, les chants d’oiseaux, le bruissement des sources, l’éclat du tonnerre donnent lieu tout naturellement au déroulement d’une musique que l’on peut bien sûr écouter dans toute l’abstraction d’un brillant concerto baroque, mais aussi comme la figuration tout à la fois naïve et savante de la polyphonie de la nature en éveil. Effets de musique villageoise pour le finale de ce concerto ou magie hypnotique du mouvement lent – tout est réuni pour séduire l’auditeur et le charmer.
L’Été travaille dans son premier mouvement la sensation de la torpeur ( « Par la dure saison qu’attise le soleil ardent, l’homme est harassé, ainsi que le troupeau, et le pin se consume… »), dans le deuxième le vrombissement des insectes (ostinati des violons) et dans le finale l’orage et la tempête (trémolos des cordes à l’unisson) qui deviendront à leur tour prétextes à une magnifique invention orchestrale.
Pour L’Automne (« Dansant et chantant, le paysan fête sa belle récolte… »), Vivaldi figure les sonorités d’une danse de village et l’ivresse elle-même, qui précède le sommeil pour l’adagio central, avant de faire entendre dans le presto final tous les codes de la musique de chasse (appels des cors, bondissement des bêtes, triomphe des chasseurs…)
Quant à L’Hiver qui clôture le cycle (« Dans les neiges argentées, tremblants et gelés par le souffle tranchant du vent glacé, on court et l’on frappe ses pieds contre le sol, en claquant des dents, à cause du gel), les coups d’archets, l’animation très progressive y évoquent le
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